Il est temps de faire une bonne vieille introspection dans les profondeurs de mon être. Sondons d'abord un peu mon âme, ne serait ce que pour vérifier son état. Elle semble toujours coincée dans son néant glacial de confusion. Je commence à croire de façon sure, que c'est là -bas qu'elle se sent le mieux, blottie dans son confort de noirceur dépressive. Et elle n'y reste pas par obligation... Non ! Elle est devenue une enfant de cet univers, elle est chez elle. Je devrais sans doute l'y laisser... La tête reste dans son nid d'aigle. Parée de son arrogante raison, elle donne quelques ordres, tout en sachant à l'avance la fin de tout ceci. Mon cœur, après avoir longuement observé l'âme violente et la tête trop pleine de réalisme, a tout simplement calqué ses actions sur elles. Il a enfin trouvé des exemples à suivre ! Comme il est doux de vivre dans la simplissime ombre de modèles, de les suivre sans se poser de questions. L'âme, autrefois princesse guerrière et pleine de sagesse, se bat de toute sa maigre énergie pour enterrer les idées et mouvements de ce pauvre petit frère qui bientôt abandonnera et deviendra à son tour un guerrier sanguinaire et sans joie. À moins qu'il n'en meurt. Que restera-t-il alors ?
Tu te souviens de l'époque où tu n'avais besoin que de musique et de lumière tamisée pour vaincre tes phases d'abstinence envers le papier ? La deuxième couche de ton brouillard d'apocalypse a fait de toi une pauvre chose vampirisée de toutes ses énergies. Plus d'écriture, plus de motivation et même plus cette cascade d'idées, pourtant inhérente depuis toujours à ta personnalité. Tu n'essaies même plus. Tu as baissé les bras. Une vraie cause perdue.
Tu vas tout foirer si tu continues à rester à la dérive ! Et on ne parle pas seulement de tes romans, mais carrément de ta vie entière. Alors range un peu ta tête, repose ces cachets, donne un bon coup de pied à ton âme et dis lui de laisser ton cœur en paix, bordel!
Tu as devant toi toutes ces choses que tu voulais tant écrire, tous ces projets entamés. Et tu n'en fais rien. Quelle blague ! Tu crois que c'est ainsi que tu pourras être heureuse, en harmonie avec toi-même, si tu ne vis pas la plus grosse part de toi. Si tu la laisses en cage, elle va te dévorer.
J'ai mis mes rêves en pause. Je vais même dire que je ne rêve plus depuis un moment. Et même pire, je ne crois plus en rien, la vie ne m'offre plus aucune saveur. Et j'ai perdu mes mots. Ou bien, ils m'ont abandonné, trop effrayés pour rester et ainsi offrir une arme meurtrière à mes pensées de désespoir brumeux. En revanche, j'ai bel et bien perdu certains de mes mots, quinze années de romans et de griffonnages envolés dans le néant. Arriverais-je à passer outre, à aller de l'avant et tout recommencer ? Devrais-je l'accepter ? C'est à la fois une perte insurmontable et une sacrée bonne excuse pour ne plus jamais avoir à me secouer les plumes et continuer l'écriture. Je ne sais pas si je veux encore y croire, si j'ai encore assez de forces pour ça. Je suis devenue pire qu'apathique. Je ne vous promets donc pas le moindre texte dans un avenir proche. Soit il y en aura, soit non. Je dois prendre soin de ma personne entière avant de bercer à nouveau mes enfants mots.